Le conseil municipal a émis un avis défavorable. Ce n'est pas la seule collectivité qui a officialisé ses "réserves" sur le projet de charte du Parc national. Le CASud et le Tampon en ont fait de même. Les élus de Saint-Joseph ont dit "oui mais…" Le Conseil économique, social et environnemental lors de son assemblée plénière a écrit "qu'il y a nécessité d'améliorer la perception et l'image du Parc. Et de sa charte". Bachil Valy, maire et conseiller général de l'Entre-Deux, nous dit pourquoi. Interview.


L'Entre-Deux a lancé la contestation contre le projet de charte du Parc national
Qu'est-ce qui a motivé la décision du Conseil municipal de l'Entre-Deux ?
Nous reconnaissons qu'il y a eu des améliorations depuis la première cartographie. Mais pour nous, celles-ci sont insuffisantes. Le projet de la charte du Parc demeure très flou sur plusieurs points, c'est le cas des futures relations entre les collectivités locales dans la zone d'adhésion, et le Parc. Si nous sommes plus ou moins d'accord sur l'environnement, nous avons émis des réserves sur le développement économique de l'Entre-Deux.

Quelles sont vos craintes en matière de développement économique ?
Jusqu'au cyclone de 1948, l'essentiel de l'activité touristique et économique de l'Entre-Deux, était concentré sur Dimitile. Après la catastrophe naturelle, beaucoup de nos concitoyens ont préféré venir vivre au village. Toutefois, Le Dimitile concentre une bonne partie de nos activités et du développement économique de notre commune.

C'est-à-dire ?
Il y a d'une part le cadre de travail laissé à nos guides "péi". Aujourd'hui, il faut même une autorisation pour pouvoir faire des photos au cœur du Parc. Il y a aussi le fait que pour aller au Dimitile, il faut désormais une autorisation que délivre l'Office du tourisme. D'autre part, il a fallu négocier pour ne pas avoir à modifier le parcours de la Trans-Dimitile, l'une des courses de montagne les plus prisées. Il y a bien sûr le cahier des charges extrêmement contraignantes pour les agriculteurs et les éleveurs.

Quelles sont les précisions que vous attendez de la part du conseil d'Administration du Parc national ?
Je revendique en premier le respect des spécificités de chaque commune. C'est un élément essentiel, surtout pour l'Entre-Deux. Car, c'est la totalité du territoire de notre commune qui est situé dans le Parc national : 55,2 % dans le cœur et 44,8 dans l'aire d'adhésion. L'Entre-Deux ne peut être soumis à la même réglementation que les autres municipalités.

Entendez-vous ceux qui ont l'impression qu'on est en train de leur voler leur espace de vie ?
Le Réunionnais est attaché à son cadre de vie. Que ce soit au Dimitile ou ailleurs, il y a toujours eu dans l'environnement de chaque créole une cuisine feu de bois, un parc volailles, un parc cabri. Lorsque celui-ci sent son environnement menacé, c'est naturel qu'il réagit. Il est temps pour nous, de nous réveiller.

A votre avis, qu'est-ce que le Parc doit faire pour participer pleinement au développement de l'Entre-Deux et de La Réunion ?
Le Parc doit d'abord rester dans ses compétences premières. Et respecter le travail du Commissariat à l'aménagement des Hauts. Cet organisme a obtenu de bons résultats. C'est le cas avec la structuration des bourgs. Nous en sommes à la troisième génération d'affilée. Ça veut dire que ça marche bien. Alors pourquoi vouloir transférer les prérogatives du Commissariat à l'aménagement des Hauts au Parc national ?

Par OF 974 le Samedi 9 Mars 2013 | Commentaires (0)


"Nous sommes pour le Parc, la collectivité n’a plus à montrer son attachement au DD et à l’environnement. Le souci c’est que tout le territoire de la commune est inclus dans le Parc (55% cœur de PAc, 45% aire d’adhésion). Ce qui veut dire que le partenaire va donner son avis sur la totalité du territoire de la commune. 90% du territoire est en protection PPR. Seuls 10% sont constructibles".


Parc national : les arguments du conseil municipal de l'Entre-Deux
"Nous on revendique que le 10% qui concerne la zone de développement (on doit accueillir près de 9000 hab d’ici 20a). L’équipe du Parc ne nous a pas montré d’expertise en matière d’urbanisme. Ils n’ont pas la logistique pour nous donner un avis sur le développement de la commune.

Ils nous demandent en urgence de voter alors qu’on n’a eu aucun travail préparatoire sur des thématiques. Ignorance totale des contraintes en matière d’aménagement. On croit au Parc mais on veut être prudents sur la maîtrise des 10%. Les enjeux sont totalement différents de ceux du Parc. Dans le tourisme on doit être dans l’insolite, dans l’innovant. Qui nous dit que certains produits on ne voudra pas les développer dans les coteaux ? Les coteaux sont en cœur de Parc, les initiatives privées vont être bloquées.

Quel que soit l’enjeu ils pourront nous dire non car ce n’est pas leur finalité. Si on y ajoute le volet financier, on va se rajouter des contraintes en terme d’aménagement alors que les aides sont en train de diminuer.

Finalité du Parc : ils veulent récupérer les mesures du Plan d’Aménagement des Hauts. A l’Entre-Deux nous avons déjà un règlement d’urbanisme strict. On joue déjà sur la qualité, notre PLU a intégré ça :
- Clôtures : aspect paysager : on a laissé sur tout le centre ville une harmonie paysagère.
- Limitation volontaire R+1+ combles.
- Cachet architectural : on s’est imposé le périmètre des 500m2. Taille des parcelles.
- Environnement : arbres, maisons créoles étoiles vertes : éléments remarquables.

On a anticipé de par notre expérience les initiatives du Parc. On est déjà sur des objectifs de règlement harmonieux.
- Dangers de l’aspect économique : rigidité du Parc risque de mettre en péril l’activité éco.
- Couloir écologique du Pétrel. On va déjà de tte façon devoir tenir compte de cette problématique. En terme de développement, on sait qu’on est condamnés sur les activités nocturnes.

On a un dossier très sensible : piste du Dimitile qui est en partie en cœur de Parc. Qui nous dit que demain les guides accompagnateurs ne vont pas devoir demander l’autorisation au Parc ?

Traitement très long pour les avis. Parc jeune, pas encore structuré suffisamment pour répondre aux attentes des collectivités.

Sur les activités de visites dans la nature, on a 20 guides, obligés de demander l’avis du Parc à chaque fois. On a déjà devancé en instaurant une autorisation pour le 4*4. On a également limité les usagers.

Idem pour les agriculteurs, le pb risque de se poser pour le maintien de ces activités économiques.

Le Dimitile a toujours été un haut lieu d’agriculture. Si une personne veut ouvrir une activité là haut le Parc lui refusera. On a une activité agricole d’élevage en cœur de Parc (cerfs) même si ce n’est pas trop connu pour l’instant heureusement.

En termes de communication, il faut également voir les atouts du Parc. Nos attentes vis-à-vis du Parc : La grande fierté c’est que les falaises de l’Entre-Deux sont sur la photo emblématique le dossier de classement de l’UNESCO.
- Avancée extraordinaire : porte du Parc
- Pétrel noir : il existait partout mais a disparu chez les autres. Preuve de notre qualité environnementale.
- 80 variétés d’orchidées.

Des filières potentielles à développer sur la connaissance, le savoir, les écoles. C’est d’ailleurs pour cela qu’il faut garder les 10% pour le développement. Le château par exemple devrait être un outil pour la connaissance scientifique liée au patrimoine de l’UNESCO. On aurait dû déjà avoir un écomusée. Comment diffuser toute cette culture à la Réunion ? Le château devrait être un projet Parc, avec également l’idée de création emploi.

Sauf que pour l’instant on rame. On ne tire pas profit de ce Parc.  On ne fait pas de la sauvegarde de l’environnement pour la sauvegarde en soi mais pour l’humain. Schéma d’interprétation de la nature : trois ans qu’on galère alors qu’ils l’ont fait partout. L’Entre-Deux Mondes est un des plus importants et des plus difficiles. Le parc a tellement de chantiers à faire qu’il ne peut pas être partout. On n’a même pas le cahier des charges de finalisé.

Le Parc est une sacrée opportunité mais quelle négociation ?

On n’a pas pu explorer toutes les pistes pour que la convention fasse le bonheur de tout le monde. Nous on n’a attendu personne pour prendre des mesures mais le Parc ne donne pas de résultats.

Faute de moyens, d’outils, d’ingénierie. Entre-Deux mondes singulier : le schéma d’interprétation de la nature existe déjà sur la route des laves. Nous devançons constamment le Parc. Sur le PLU, sur les initiatives de notre population.

Le souci c’est qu’il n’a pas encore les moyens. On se fait plus confiance qu’au Parc notamment sur les pb d’urbanisme.

Les autres arguments :
- Sur la présence des élus au sein du CA : les élus sont trop peu nombreux à chaque CA du Parc. La présence majoritaire des acteurs de l’environnement (SREPEN) explique les prises de positions actuelles. Il aurait fallu depuis le départ plus de participation et d’implication de la part des élus, afin d’organiser le contre-pouvoir de l’intérieur. Aujourd’hui ce contre-pouvoir n’est pas organisé, il n’y a pas de concertation entre les acteurs.

- Il faut le dire et le répéter, le Parc n’a pas les moyens de ses ambitions. La charte comprend un certain nombre de marqueurs qui sont autant de demandes d’autorisations (pour faire une photo, pour organiser une course qui passe par le cœur de Parc, pour faire des travaux…). Le souci n’est pas de demander une autorisation mais d’avoir une réponse de la part du Parc.

La société civile et les collectivités voient souvent leurs demandes rester lettre morte pendant un temps certain. En 2013, les restrictions budgétaires prévues vont provoquer la suppression de 5 postes. Comment le Parc pourrait-il atteindre ses objectifs dans ces conditions alors qu’il ne parvient pas à le faire aujourd’hui ?

- Dans ses statuts, le Parc prévoyait un conseil scientifique mais également un comité des usagers. Ce dernier n’a jamais vu le jour. C’est donc une gouvernance uniquement scientifique qui ne se voit pas opposer de contre-avis. Le Président et la directrice sont aujourd’hui uniquement alimentés par cet aspect scientifique de la question. Forcément on arrive à une sorte de despotisme.

Par OF 974 le Samedi 9 Mars 2013 | Commentaires (0)


"Bonjour. Je me permets de réagir suite à cet article paru dans vos colonnes. Désolé mais le peuple à Saint André a décidé de dire non au projet d'un incinérateur".


Eric Fruteau répond à Bachil Valy sur le projet incinérateur et port
"Bonjour. Je me permets de réagir suite à cet article paru dans vos colonnes. Désolé mais le peuple à Saint André a décidé de dire non au projet d'un incinérateur".

"A chaque échéance électorale, il a validé démocratiquement le projet que nous avons présenté.  D'ailleurs, ce qui est étonnant c'est que ce collègue qui se donne le droit de commenter les orientations des autres maires, a approuvé lui même, à double reprise, le dernier projet de PDEDMA approuvant d'autres orientations alternatives à l'incinération. A aucun moment publiquement il a plaidé la cause d'un incinérateur. Il aurait du le faire. Il faut parfois de la cohérence dans ces actes".

"Aussi je souhaite dire qu'il n'a jamais été question d'un port sec à Saint André mais pour l'ancienne majorité, d'un port en eau profonde pour faciliter le transport d'énergies fossiles et non renouvelables (pétrole et charbon). Là encore le peuple a validé un projet de développement durable faisant des énergie renouvelables une priorité pour l'avenir sur Bois Rouge. Nous pourrions un jour en débattre…"

"Concernant les projets de Saint André je propose que l'on ne dise pas n'importe quoi ! Du respect s'il vous plait . A aucun moment le maire que je suis s'est permis de s'immiscer dans les affaires communales d'autres communes. Alors je demande tout simplement de laisser à chacun le soin de mettre en place leurs projets en accord avec leur population respective. Je vous remercie  de votre compréhension !"

Par OF 974 le Samedi 9 Mars 2013 | Commentaires (0)


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