Le principe reposant sur l’idée qu’il suffisait de triompher sur le totalitarisme pour « être » une démocratie a régné en maître pendant des décennies. Pourtant nous voyons bien qu’à l’intérieur de la démocratie, la question du pouvoir et de la souveraineté reste posée. Se contenter de dire que la démocratie est le moins mauvais des systèmes ne suffit pas. Nous devons œuvrer en permanence pour l’améliorer, au risque de heurter les élites peu enclines à partager leur position ou bien encore le citoyen ordinaire qui voit en cette évolution, une utopie infranchissable. Aujourd’hui, le fait est établi que la démocratie occidentale que l’on présente comme un horizon indépassable est malade.
A & JM BENARD le Vendredi 12 Octobre 2012 à 10:50 - www.autonomie88.eu
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Avec les élections, on a sommé les gens de choisir quelqu’un qui parlerait pour les autres, qui prendrait la place des autres. On a ainsi demandé aux citoyens, par leur vote, de s’extraire eux même du champ des décisions, jusqu’à la prochaine élection où ils seront à nouveau appelés pour renouveler leur propre exclusion.
Il a fonctionné avec l’assentiment de tous, représentants et représentés. Il est vrai que pendant longtemps les citoyens, majoritairement, ne voulaient pas, ne se sentaient pas capables d’exercer des responsabilités publiques et il s’est trouvé des gens pour vouloir les assumer à leur place en les représentant. Il s’est ainsi fabriqué une séparation, entre les élus, qui sont devenus des professionnels de la représentation, et les électeurs qu’ils étaient chargés de représenter.
Les décisions prises par les élus sont souvent perçues comme illégitimes, et plus on s’éloigne du local et plus l’élu prend la figure de l’usurpateur. Cette séparation, électeur/élu, a créé au niveau national, une bulle politique hors de la vie, qui parle son propre langage, qui a sa propre logique : celle des partis et du pouvoir. Ainsi s’est fabriqué un État retranché dans ses frontières. La démocratie est en panne. L'électeur n'a plus le sentiment que le Pouvoir émane de lui, il ne se sent plus acteur. L'échelle sur laquelle fonctionne la démocratie actuelle la fait se rapprocher des régimes autoritaires dans la mesure où les choix du Pouvoir sont vécus comme imposés par le sommet.
La disparition des idéologies de masse (communisme, nazisme, capitalisme, socialisme...) est inéluctable car il n’y aura bientôt plus de Peuples à régir. LePeuple, c’était une assemblée de citoyens misérables et craintifs, usés et abrutis par le travail, peu instruits et peu informés, hanté par les épidémies la faim et les guerres continuelles.
Ce Peuple fonctionnait à l’unisson, sur le mode du troupeau, c’était un magma solidaire et uniforme, dans l’attente d’un prêt à penser qui lui était fourni par les grandes croyances politiques. Ce Peuple avait besoin d’une avant-garde, d’une élite éclairée, d’un guide pour le conduire, raisonner et agir en son nom.
Le Peuple, cette masse qui ne demande qu’à être conduite, c’est fini. Le concept de multitude, par opposition, à celui de «peuple», est un outil décisif si l’on veut réfléchir utilement à la transformation de la société telle qu’elle est devenue.
Ce Peuple fonctionnait à l’unisson, sur le mode du troupeau, c’était un magma solidaire et uniforme, dans l’attente d’un prêt à penser qui lui était fourni par les grandes croyances politiques. Ce Peuple avait besoin d’une avant-garde, d’une élite éclairée, d’un guide pour le conduire, raisonner et agir en son nom.
Le Peuple, cette masse qui ne demande qu’à être conduite, c’est fini. Le concept de multitude, par opposition, à celui de «peuple», est un outil décisif si l’on veut réfléchir utilement à la transformation de la société telle qu’elle est devenue.
Aujourd’hui le développement du niveau de vie, de la formation, de
l’information et la fin du cycle des guerres a produit des citoyens de
plus en plus indépendants les uns des autres : la Multitude. La Multitude
est par nature insaisissable et indomptable comme le sont la terre, la mer et le vent, c’est la foule intelligente, une assemblée de penseurs libres et autonomes, qui organise des stratégies de fuite face aux contraintes non désirées (zapping, dérobade, inertie...) Peuple désagrégé, elle est ingouvernable au sens classique du terme, car elle aspire à se gouverner elle-même.
La multitude ne converge pas vers l’unité politique, elle est réfractaire à l’obéissance, ne conclut pas de pactes durables, ne transfère jamais ses propres droits au souverain. On ne peut pas gérer la multitude, la foule intelligente sur le mode du peuple troupeau. On assiste ainsi à la dissolution et à la disqualification des formes d’organisation sociales traditionnelles. Si la société actuelle peut apparaître comme plus fragmentée et individualiste c’est parce que l’individu moderne échappe de plus en plus à ses déterminations qu’elles soient familiales, religieuses, historiques... Le citoyen s’est emparé de son existence pour accéder à sa liberté, à sa vérité.
l’information et la fin du cycle des guerres a produit des citoyens de
plus en plus indépendants les uns des autres : la Multitude. La Multitude
est par nature insaisissable et indomptable comme le sont la terre, la mer et le vent, c’est la foule intelligente, une assemblée de penseurs libres et autonomes, qui organise des stratégies de fuite face aux contraintes non désirées (zapping, dérobade, inertie...) Peuple désagrégé, elle est ingouvernable au sens classique du terme, car elle aspire à se gouverner elle-même.
La multitude ne converge pas vers l’unité politique, elle est réfractaire à l’obéissance, ne conclut pas de pactes durables, ne transfère jamais ses propres droits au souverain. On ne peut pas gérer la multitude, la foule intelligente sur le mode du peuple troupeau. On assiste ainsi à la dissolution et à la disqualification des formes d’organisation sociales traditionnelles. Si la société actuelle peut apparaître comme plus fragmentée et individualiste c’est parce que l’individu moderne échappe de plus en plus à ses déterminations qu’elles soient familiales, religieuses, historiques... Le citoyen s’est emparé de son existence pour accéder à sa liberté, à sa vérité.
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