En 2006, la Nation choisit la date du 10 mai pour commémorer les mémoires de la traite négrière de l'esclavage et de leurs abolitions.
A La Réunion, c'est le 20 décembre, à la fin de la campagne sucrière de 1848, que l'esclavage fut aboli.
Les questions de l’esclavage et de la colonisation doivent ouvrir les débats sur la repentance et les réparations.
Histoire
L'histoire officielle, nous raconte que l'île Bourbon était inhabitée avant l'installation des premiers Français en1665.
Elle est rapidement peuplée pour un développement économique basée sur l'esclavage.
La production de café et du sucre, grande consommatrice de main d’œuvre entraînera l'introduction des esclaves dans l'île.
En 1848, on compte 62 000 dans l'île.
En 1848, les colons obtiennent une réparation financière pour la perte de leur main d’œuvre devenue libre, c'est l'abolition de l'esclavage.
Que sont devenus ces anciens esclaves ?
Qui s'occupe de leur insertion dans cette nouvelle économie où l'engagisme remplace l'esclavagisme ?
Tout est organisé pour continuer à faire fonctionner l’économie coloniale.
Que se passe t-il alors réellement après 1848?
Avec les discours républicains, la France, organise avec l'appui de l'église une politique d'assimilation. La Réunion donne l'image d'une île harmonieuse.
En fait, l’État tente d’effacer la mémoire douloureuse de l'esclavage.
La République de nouveau prive les Réunionnais d'une expression culturelle et cultuelle.
Il n'y a alors que très peu d'espace de débats pour parler des souffrances de nos ancêtres africains, malgaches dont les familles ont été disloquées, convertis de force, dépossédés de leur culture, déracinés, enchaînes et vendus comme du bétail.
Pendant toutes ces années, le maloya a été l'un des espaces de complaintes et de débats.
Cette musique comme la langue «kréol» subissent les interdits de la politique de l'époque.
Le créole, langue unitaire, identitaire est vu par certains comme un vilain patois.
Les lieux chargés d'histoire réunionnaise sont encore en ruine, dans l'oubli.
A partir de 1981, la politique autorise un regard différent sur la culture et offre en autre au Maloya sa reconnaissance mondiale avec l'Unesco en 2009.
En ce 10 mai 2014, 166 ans après le passage de Sarda Garriga, que sont devenus les fils et les petits fils de ces Hommes devenus libres en 1848 ?
Qu'a t-on fait pour eux ?
Quelle est la place que la République réserve à cette frange de la population qui a œuvré jusqu'au sang pour la réussite économique de La Réunion ?
La photographie sociale de notre île révèle que plus de 52% de la population vit l'exclusion professionnelle, matérielle, scolaire et ne doit sa survie qu'à une assistance officielle.
Comment réparer ?
Pour une réussite globale de notre territoire, l'ensemble de la population doit être concerné.
Chaque être doit pouvoir se construire et trouver sa juste place dans un ensemble cohérent.
Parmi les nombres facettes qui concourent au bien être de chaque citoyen, il n' y a une, très importante qui se trouve dans la spiritualité.
Où sont les lieux de cultes ancestraux reconnus pour les populations qui ont une affinité avec Madagascar et l'Afrique ?
Ne serait-il pas temps de se pencher sur ce douloureux problème afin d'offrir à cette composante réunionnaise tout le respect qu'on lui doit.
Il s'agit là, d'aider à l’édification d'espaces dédies à ces servis.
Cette reconnaissance par la mise à disposition de ces lieux de culte ne remet pas en cause les pratiques privées de cette religion ancestrale.
Ces lieux de recueillement doivent permettre de se reconstruire, de se ressourcer et surtout de renouer les liens avec les ancêtres venus de Madagascar, d’Afrique, de l’Inde, de l’Asie, des Comores et d’ailleurs.
Cela nous amène alors sur la reconnaissance publique de certaines pratiques cultuelles qui ont été diabolisées par les défenseurs du système économique basé sur l'esclavage.
Cette approche qui ne concerne pas encore le plus grand nombre de nos concitoyens relève de l'éducation qui doit faire partie du projet politique de La Réunion de demain, moderne et pour tous.
Les servis zancèt, malgas, kaf, kabaré enfermés dans la sphère privée sont toujours présents.
Ils ont été, au même titre que le maloya, des moyens de lutte pour la liberté et la préservation culturelle et cultuelle durant notre 350 d'histoire.
C’est en grande partie à travers les servis que l’esclave a pu garder sa dignité et son humanité.
La pression des grandes religions dites « officielles » n’a pas réussi à faire disparaître « les Servis ».
C'est bien la preuve de la nécessité de ces pratiques non reconnues.
Alors…
Il est temps pour nous, Réunionnais, de vivre cette spiritualité sans complexe et en pleine lumière.
Pour un développement harmonieux de nous tous, nos élus doivent conduire leurs collectivités dans le respect de toutes les croyances et offrir des espaces cultuels à toutes les composantes de ce monde réunionnais.