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​LA DEPARTEMENTALISATION : UN CADRE NON FIGE, SAUF A LA REUNION


Citoyen
Mardi 5 Avril 2016

La loi du 19 mars 1946 de départementalisation des quatre vieilles colonies de la Guadeloupe, de la Guyane, de la Martinique et de la Réunion et la Constitution du 27 octobre 1946 qui a institué le principe de l’identité législative avec la métropole, ont constitué une étape historique importante pour ces territoires et leurs populations. Ces dernières accédaient ainsi - on pourrait dire enfin - à l’égalité de droits, après trois cents ans d’appartenance et d’attachement à la Nation.


La départementalisation sera en particulier, pendant plusieurs décennies, le cadre  d’améliorations accélérées de la vie des habitants par l’extension des lois sociales, sanitaires, éducatives notamment et l’intervention de crédits importants  au titre de la solidarité nationale, permettant de mettre en place des services et de construire des équipements qui faisaient défaut. Elle a généré  par l’importance et la montée en charge des transferts financiers un pouvoir d’achat et une économie qui a considérablement augmenté le niveau de vie. La société locale a connu par ailleurs un profond changement sociologique par un accès plus démocratique au savoir, aux emplois publics et aux fonctions électives.

Force est toutefois de constater  qu’on n’a pas su donner au département il y a vingt, voire trente ans, ce second souffle qu’il lui fallait pour franchir une nouvelle étape de développement. Les indicateurs structurels en 2016 à La Réunion sont parlants, qu’il s’agisse notamment du niveau hors norme du chômage, trois fois plus élevé qu’en métropole ou des taux de personnes sans diplôme ou touchées par l’illettrisme, qui sont dans le même rapport. La Réunion connait dans ces domaines  plus de retards qu’aux Antilles. 

Tout le monde s’accorde à dire que nos problèmes économiques sont structurels, à partir du moment où ils durent et résistent à la masse des moyens qui sont  alloués pour les surmonter.  Les causes sont-elles à chercher dans les handicaps naturels ou  dans  l’inadéquation des réponses apportées aux problèmes rencontrées. Certainement dans les deux. Le problème est qu’on s’obstine  depuis longtemps à  recourir aux mêmes solutions, qui donnent forcément les mêmes résultats.

Qu’il s’agisse de l’économie ou de l’éducation, nous avons à La Réunion, contrairement à ce qui se passe aux Antilles, une tendance à nous réfugier dans le « droit commun » ou dans des recettes qui ne nous engagent pas beaucoup en matière d’adaptations, comme la défiscalisation « Girardin » dans le domaine économique. Notre statut de RUP nous permet des mesures spécifiques en matière douanière, fiscale ou pour la création de véritables zones franches mais nous n’y recourons pas ou en tout cas pas à la mesure des problèmes rencontrés. Pour revenir à la départementalisation, la Constitution a été réformée  en 2003 pour en quelque sorte « l’adapter aux temps modernes » après près de soixante ans de bons et loyaux services, mais nous nous cramponnons aux textes anciens en refusant les responsabilités données aux assemblées locales des départements et régions d’outre-mer, et en nous singularisant encore une fois puisque La Réunion est seule exclue, sur sa demande, de ces nouvelles possibilités.

La Réunion pourra-t-elle se développer en continuant de refuser toute responsabilité de décision ? Nous pensons pour notre part que le développement ne peut être « octroyé » et implique la responsabilité qui oblige de rendre compte, sans se défausser en permanence sur l’Etat, qui n’a eu de cesse depuis le tournant du millénaire que de nous inviter à devenir plus « autonome » dans le cadre d’un article 73 de la Constitution par ailleurs très protecteur. Voilà le mot qu’il ne fallait certainement pas prononcer… Le problème de la départementalisation en définitive est  cette idéologie qui lui a été attachée à la Réunion en l’enfermant faussement dans un dogme du droit commun dépassé et bloquant.

Conseiller régional
Président de l’UDSA 

Joé BÉDIER



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