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Un biologiste marin cite La Réunion "quand il parle des déchets humains qui attirent les requins…"


Invité(e)
Mardi 7 Aout 2012

Philippe Mespoulhé a publié un dossier intitulé "Plaidoyer pour les requins". Le biologiste marin répond à de nombreuses questions : Quelle est l'origine de la relation Homme-requin ? Pourquoi l'Homme en a-t-il si peur ? Et cette peur est-elle justifiée ?


Homme et requin : une histoire de territoire : Qui a commencé à transgresser le territoire de l'autre et à dépasser les limites autorisables ?

La pêche ou la chasse, comme moyen de subsistance, sont des actes ancestraux vitaux dont personne ne remet en cause les pratiques.

L'Homme a tendance à oublier que les requins sont chez eux dans les océans et que c'est à nous de nous adapter à leur environnement et non le contraire. Le développement des activités humaines à proximité des côtes est en grande partie responsable de l'acquisition des comportements agressifs des squales.

Les déchets offerts aux requins

Déverser des déchets organiques sous toutes les formes dans les océans est une véritable aubaine pour tous les prédateurs marins, de façon directe ou indirecte en permettant la création de chaînes alimentaires dont les squales forment le dernier maillon.

Les repas faciles offerts sur des plateaux représentent aux yeux des requins une économie d'énergie en ce qui concerne la recherche de nourriture. Les espèces côtières ou récifales en font allégeance quotidiennement au détriment parfois des baigneurs ou autres pratiquants de sports subaquatiques.

La Réunion, cette île tropicale est une excellente plateforme d'observation biologique des requins. La quasi-totalité des attaques s'explique par des lieux propices et des périodes précises sous influence de conditions abiotiques et notamment de pluviométrie. Le relief de l'île est entaillé de nombreuses et profondes ravines où vont s'entasser des ordures, d'ordre ménagère ou de matériaux divers...

Le problème est que ces ravines drainent l'eau pluviale, emportant avec leur débit sporadique tous les déchets organiques (cadavres d'animaux domestiques, reliquats de nourritures...) et tous les organismes, comme les crapauds, les lézards, les escargots…) piégés par ces débits torrentiels jusqu'à la mer. Cet apport va créer en quelques heures les bases potentielles d'une chaîne alimentaire.

Des interactions entre les composants faunistiques du littoral et les prédateurs de la zone, dont les requins, s'établissent naturellement. Dans des eaux turbides, chargées de particules minérales et organiques, après de fortes pluies ou des cyclones, des attaques sur l'Homme sont dès lors possible et s'expliquent de façon logique.

Certains drames locaux (1994, 1995, 1996) sont dus à la somme de conditions suffisantes pour qu'un requin passe à l'attaque sur des êtres humains : eaux turbides, rejets en mer de déchets, fortes pluies localisées drainées dans les ravines ou débordement de plans d'eaux stagnantes... Lire la suite ici



Philippe Mespoulhé


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