sak ifé nout jordu ék nout demin

Revoilà le duo Virapoullé/Vergès, toujours avec le même refrain : le statut de La Réunion !


Édito
Vendredi 12 Avril 2013

Ils étaient un peu comme les stars des années 70/80. Cheveux "au bulle crème" et plaqués sur le front, la raie sur le côté, chemise sur le pantalon, et pantalon pattes d'éléphant. Leurs meetings étaient à guichets fermés. C'était plein à ras bord d'employés municipaux et de leur famille. Le tube "rouge" de l'un, c'était "L'autonomie", le refrain sur beaucoup de lèvres de l'autre "Départementalistes". Ils avaient un succès fou. Des groupies par milliers. Plus de trente ans après, ils tentent ce qui ressemble à un come-back…


Qui n'a pas vibré devant leurs prestations télévisées ? Retenant son souffle. Le suspense était palpable. "Vous voulez entraîner La Réunion dans une aventure autonomiste, Paul Vergès ! Livrez La Réunion à l'URSS !" "Vous mentez Jean-Paul Virapoullé ! Vous défendez les intérêts des gros blancs !" Des répliques du même genre, les Réunionnais en ont eu droit deux décennies durant. Le statut de La Réunion a été pendant longtemps leurs fonds de commerce, deux faux ennemis, et deux vrais opportunistes, qui se sont partagés le pouvoir et la mainmise sur la politique locale. Du moins jusqu'en 2008 et 2010.

Tout le monde a longtemps cru qu'ils étaient des adversaires. Féroces. Impitoyables dans un débat. Sans concurrent sur un plateau télé. Seul Paul Vergès pouvait affronter Jean-Paul Virapoullé. Et seul Jean-Paul Virapoullé avait les moyens de répliquer à Paul Vergès devant une caméra. Ainsi, les deux élus avaient pris un ascendant sur la classe politique locale. Leur autorité était incontestable. Et incontestée. Leurs meetings faisaient salle comble. La Réunion politique était à leurs pieds.

Ils avaient un tel égo qu'ils ont longtemps pensé que ça durerait toujours. Qu'ils seraient toujours au sommet. Et que jamais, ils ne paieraient le prix de leurs reniements. Des alliances contre nature. De leur politique familiale ou des petits copains. Du train de vie de leurs proches aux frais des contribuables. De leurs stratégies incompréhensibles pour leur camp politique et leurs électeurs. Des stratégies à géométries variables. Et, confortablement installés dans leur bulle ou tour d'ivoire, aucun des deux n'a vu que leurs refrains n'étaient plus numéro un au Top 50.

Les Réunionnais s'étaient lassés de leur duo. De leurs refrains sans cesse ressassés. Et c'était le bide en 2008 et en 2010 pour Jean-Paul Virapoullé et en 2010 pour Paul Vergès. Cette année-là, les deux ont souvent chanté : "Je suis le mal-aimé". Cette année, les deux tentent ce qui ressemble à un come-back. Sur toujours le même thème : le statut. Ils vont remettre ça. "Ce sera la même chanson..." Et ça fait bientôt quarante que ça dure. C'est entre "Comme d'habitude" de Claude François, et "Si on se donnait rendez-vous dans dix ans" de Patrick Bruel. Sinon, il y a aussi Ziskakan...

Jismy Ramoudou


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