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Paul Vergès au Sénat, La Réunion a-t-elle raté un rendez-vous historique ?


Édito
Samedi 1 Octobre 2011

Une certitude. La Réunion n'a pas pris la mesure de la dimension de l'événement historique : la présidence de séance et du Sénat lors de la première assemblée de la nouvelle mandature. Jamais sans doute, notre île n'a été, de manière si grande, le point de départ d'une vision pour le monde. Jamais sans doute, elle n'a pris autant de place. Sa juste place. La Réunion, "d'une île au monde".


Paul Vergès n'a pas changé son discours. On s'y attendait. La presse et ses proches connaissent sa position, les thèmes récurrents, sa grande connaissance du passé, son analyse du présent et ses perspectives souvent pessimistes pour l'avenir. Les journalistes, grâce à cet homme politique, en savent long sur le réchauffement climatique, la fonte des glaces ou le changement climatique.

Hier, Paul Vergès a répété ces "refrains" dans l'hémicycle du Sénat, pour des enjeux nationaux, européens et internationaux. Son intervention était simple, claire et précise. Et efficace. Cette fois-ci, le parlementaire y ajouté de l'émotion, de l'intensité et de la justesse. Le président du Sénat, l'espace de l'élection du nouveau président, a frappé juste.

L'ovation de sénateurs, debout, applaudissant Paul Vergès, se passe de tout commentaire. L'hommage de ses pairs après son discours, s'est répété. Paul Vergès a porté haut La Réunion et l'Outre-mer. Très haut. Mais, l'Outre-mer en général, et La Réunion en particulier, ont-ils pris conscience de la dimension de ce rendez-vous historique ?

Hier, Paul Vergès est entré dans l'histoire de la Ve République. Combien de Réunionnais ont vécu ces instants en tant que tel. Combien ont pris toute la mesure de cet événement ? C'est dommage de manquer d'orgueil et de fierté lorsque La Réunion s'avance dans le monde.

C'est dommage de laisser des considérations politiques gâcher cet événement qui permet à La Réunion de se sentir unie. Un peuple. C'est dommage que nous ne parvenons pas à nous libérer de toutes nos chaînes du passé et du présent. C'est dommage qu'en ce deuxième anniversaire de l'inscription du maloya au patrimoine mondial de l'Unesco (œuvre de la MCUR), que Paul Vergès soit seul à parler d'esclavage au palais du Luxembourg. Du passé, du présent et de l'avenir.

C'est vrai, c'est dommage. Vraiment dommage...

Jismy Ramoudou


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