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OUI à l'Europe, NON à l'Union Européenne !


Dans la presse
Jeudi 20 Juin 2013


L'Union Européenne et ses citoyens

Un récent sondage Eurobaromètre de décembre 2012 montre que seuls 41% des Français soutiennent le projet européen. La moyenne européenne s'élève pour sa part à 45%. L'Union Européenne bat des records d'impopularité dans quasiment chacun des Etats-membres. 75% des Français trouvent l'action de l'Union inefficace, 19% pas du tout efficace, 56% peu efficace. 25% des Français la trouvent assez efficace, 0% très efficace (BVA-Iris, 23 février 2013). Ces chiffres marquent de manière forte la déconnexion entre l'Union Européenne et ses citoyens.

Au-delà de la crise économique que traverse actuellement la zone euro, l'Union européenne semble souffrir d'un vrai déficit d'incarnation. Qui incarne l'unité ? Jeroen Dijsselbloem président de l'Eurogroupe, Mario Draghi président de la BCE, Herman Van Rompuy président du Conseil européen ou José Manuel Barroso président de la Commission européenne ? Poser la question aux hommes et femmes qui sont attentifs aux informations. Peu sauront les identifier. Le constat est fait que personne ne représente symboliquement l'unité européenne pour l'opinion publique actuellement. L'unité européenne s'effrite.

L'Europe qui a longtemps été un horizon pour les peuples semble aujourd'hui en panne. Pour une partie des citoyens européens, l'Union Européenne n'ouvre plus de perspectives, elle n'est plus à la hauteur de l'idéal qu'elle représentait. L'Union reflète les hésitations des chefs d'État et de gouvernement qui au final s'enfoncent dans le déni. Certains États sont assommés par des règles de rigueur budgétaire impossibles à tenir, ou par une exposition trop rude à la concurrence non communautaire. Aujourd'hui, le discours du président français n'a pas la force de persuasion suffisante pour entraîner l'ensemble de la zone euro vers une relance économique d'un type nouveau. Alors, que peuvent retenir les peuples européens sinon toujours plus d'austérité sans qu'ils sachent à quoi va servir cette politique ?

Quel projet pour l'Union ?

Mais est-il vraiment possible de rendre l'Europe plus compétitive alors que chaque pays poursuit des intérêts économiques différents ? L'Europe était forte quand il y avait la concurrence, y compris la concurrence des monnaies, bref quand il y avait des signaux de prix et des structures décentralisées.

Les sommets européens se succèdent sans qu'un projet européen à long terme n'émerge. Les pays en difficulté ne semblent pas s'en sortir et les populismes montent, comme le prouve les résultats des élections italiennes. Les dirigeants européens sont incapables de donner à l'Union un sens à son action. Ils manquent d'une réelle vision d'avenir. Ils ne dirigent rien. Aucun projet européen novateur ou ambitieux n'a été présenté au public depuis bien longtemps.  Toutes les questions importantes (taux à 0%, dévaluation de la monnaie...) sont hors de portée des politiques, et pas seulement parce qu'ils n'y comprennent rien : tout le pouvoir monétaire, bancaire et de plus en plus budgétaire, appartient à la Banque Centrale Européenne (BCE), c'est-à-dire à 23 hommes non-élus, non-économistes et non soumis à de vraies obligations de transparence ou de responsabilités.

Un « rêve européen » : l'Europe des coopérations concrètes !

Alors, comment relancer le projet européen ?

Il faut dénoncer les traités et bâtir une Europe des États et des coopérations.

Actuellement, la stratégie « des petits pas » de Jean Monnet qui consiste à avancer progressivement selon la méthode de l'intégration sectorielle (charbon et acier, énergie atomique, agriculture puis monnaie unique), en espérant une évolution naturelle vers le fédéralisme européen, renaît sous une forme moderne qui est celle des coopérations renforcées où un groupe d'États décident de monter une politique pour dépasser le blocage du nombre et en permettant, ensuite, aux autres États d'y adhérer jusqu'à ce que cette politique rassemble les 27 États-membres. Il faut aller plus loin mais en procédant différemment.

Pour nous, l'Europe n'est pas une Europe unie et uniforme. Elle est un cadre dans lequel les Nations européennes doivent pouvoir exercer leur souveraineté tout en développant des coopérations ciblées. A ce titre, des « agences de coopération européenne » seront mises en place dans les domaines où les pays membres gagneront à s’allier librement (« Europe à la carte »), selon leurs intérêts : lancement d'une vingtaine de projets dans le domaine des sciences et de l'industrie, environnement, sécurité, culture, éducation. Ces agences seront créées de manière très souple, quel que soit le nombre de pays intéressés de façon à favoriser les initiatives de coopérations européennes.

 Prenant exemple de ce qui a marché avant la zone euro, avant la monnaie unique, comme AIRBUS en 1970, l'Agence Spatiale Européenne (ASE) en 1975, ARIANESPACE en 1980. Nous proposons à 2, 3, 4 ou 5 nations de coordonner nos efforts, notre capacité à investir dans les secteurs d'avenir et à produire les biens nouveaux qui séduiront les consommateurs de demain (le panneau solaire du futur à haut rendement énergétique, la molécule qui bloquera les cancers, la voiture propre, les autoroutes numériques, etc...). Profitons de l'échelle de notre marché, de nos capacités nationales de financements par nos banques centrales pour investir massivement dans les secteurs clefs. Faisons tout simplement ce que font tous les pays qui réussissent dans la mondialisation. La hiérarchie des Nations dans 20 ou 30 ans dépendra essentiellement de nos investissements dans les secteurs d'avenir.

Debout La République doit incarner ce « rêve européen » en affichant dans l'opinion ses convictions et ses solutions. Notre formation politique doit, au travers d'un débat public et contradictoire sur l'avenir de l'Europe, durant la prochaine campagne pour les élections européennes de 2014, apparaître comme une véritable alternative.


Délégué Départemental à l'action militante
Debout La République - Fédération de la Réunion

David Soullard


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