sak ifé nout jordu ék nout demin

Nassimah Dindar : "Nous étions quatre à décider de ne pas donner les 10 millions d'euros à l'Arast"


Édito
Vendredi 23 Aout 2013

C'est une certitude. Les Municipales 2014 seront sans aucun doute le cadre idéal pour voir ressurgir les fantômes d'un passé récent, celui de l'Arast (Association régionale pour l'accompagnement social territorialité) liquidée fin 2011. Hier soir lors de l'émission 100 % Politique, en direct sur Télékréol, un téléspectateurs a voulu en rajouter "une couche". La présidente du Conseil général a répliqué avec fermeté à "ses propos". Echanges vifs.


Cette fois-ci, Nassimah Dindar a lâché l'information. "Nous étions quatre dans mon bureau, un socialiste, le maire de St-Denis, un communiste, un centriste, et moi-même, à décider de ne pas accorder les 10 millions d'euros à l'Arast". C'était fin 2008. Cette décision signait également la fin de la structure qui avait en charge l'aide à domicile et diverses délégations de service à la personne. Car, l'Arast comptabilisait alors un déficit d'au moins 10 millions d'euros.

Les employés et les bénéficiaires de l'Arast se retrouvaient ainsi dans la même position que ceux de l'Arfuts et de Saint-Jean-de-Dieu. Trois associations Loi 1901 qui ont géré jusqu'à 1.800 travailleurs sociaux pour Saint-Jean-de-Dieu, et près de 1.200 pour l'Arast. Et à chaque fois, la structure d'accompagnement social a fini sa vie avec un gros déficit. Et, il n'y a pas eu d'autre solution que la liquidation judiciaire.

Qui étaient responsables de la mauvaise gestion de ces associations ? Tout le monde les connaît : tous les partis politiques classiques et un grand nombre de leurs élus. Car, tous ont placé un jour ou l'autre - surtout en période électorale et post-électorale - un militant, un sympathisant, un proche ou un membre de leur famille dans ces structures financées à 100 % par l'argent des contribuables.

Ces structures sont même devenues des machines de guerre électorales. L'Arast a joué un rôle important dans le résultat des élections municipales de 2008 à Saint-Denis. Et Nassimah Dindar, présidente du Conseil général depuis 2005, et Gilbert Annette, candidat PS au poste de maire cette année-là, étaient alors du même côté. C'est d'ailleurs d'un commun accord qu'ils ont préféré stopper les subventions départementales à l'Arast, provoquant ainsi sa mort certaine.

Mais, est-ce un hasard ou une coïncidence si au moins deux ex-cadres de l'Arast, émargent aujourd'hui à des salaires parfois très confortables, dans une association para-municipale dionysienne ou à la mairie de Saint-Denis. Difficile de croire que ce n'est qu'un concours de circonstance. Le téléspectateur qui est intervenu dans l'émission 100 % Politique de Télékréol, s'il est réellement un ancien cadre de l'Arast aujourd'hui à la mairie de St-Denis, il a commis une erreur. Il a donné à Nassimah Dindar l'opportunité de s'exprimer.

Que Nassimah Dindar, soit "vertueuse" ou pas, ce n'est pas le souci premier. Hier soir, la présidente du Conseil général a dénoncé la mise en place de véritables réseaux et systèmes, à partir de l'argent des contribuables réservé à un public en perte d'autonomie, fragile et trop souvent précaire. Il est vrai qu'elle a pointé du doigt deux structures proches d'un syndicat et de deux partis politiques de Gauche.

Il est vrai aussi qu'elle le fait dans un contexte de pré-campagne électorale alors que son partenariat avec les partis de Gauche au Conseil général, s'achèvent. Et que c'est déjà la bataille électorale sur le terrain (surtout à Saint-Denis) et dans les médias. Il est vrai enfin que la prise de position de la présidente du Département, sur les dossiers d'amélioration de l'habitat, la gestion des crèches dans deux communes de Gauche, et aujourd'hui l'aide à domicile, n'est certainement pas innocente. La posture est aussi électorale.

Mais, est-ce une raison pour oublier l'essentiel : les personnes en perte d'autonomie, fragile et précaire, qui sont privées de l'aide à domicile qu'ils ont besoin, il y a aussi les travailleurs(ses) sociaux(les) qui font vivre dignement leur famille. Et ce sont eux les principales victimes des réseaux et systèmes mis en place, pour détourner l'argent destiné à améliorer leurs conditions de vie...

Jismy Ramoudou


Dans la même rubrique :