sak ifé nout jordu ék nout demin

La délinquance, c'est aussi les prises d'otages des usagers de la route


Édito
Mercredi 6 Mars 2013

Chaque génération, chaque corps de métier, chaque classe de lycée, collège ou maternel, a une bonne raison de ralentir ou totalement bloquer la circulation. Sans aucun préavis. Un malaise social, des conditions de travail difficiles, des contrats aidés non renouvelés, le GSM est interdit en classe, le biberon est trop chaud… LA solution : mettre le plus de monde dans la ….


La dernière lubie : "alon bat' caré su un rond-point". C'est le fait à la mode. Une trentaine de jeunes fait un sitting sur un rond-point, fait des feux de joie la nuit avec quelques pneus ou poubelles. Et c'est repris par toute la presse. C'est en direct à la radio. Et ça fait la Une des trois quotidiens le lendemain. Et les hommes politiques de reprendre en chœur : "Ça va péter ! Je vous ai prévenu, s'il n'y a pas un changement de projet de développement, ça va péter…"

Des jeunes en manque de repères, de valeurs, de formation et d'espoir pour demain, ont-ils pour autant le droit de créer des kilomètres d'embouteillages, d'exposer des bébés, des enfants en bas âges, des individus souffrants, des personnes âgées… et tous les usagers de la route, à un fort soleil. Et à une parte de temps ? Ont-ils pour autant le droit de ralentir l'activité économique alors qu'ils manifestent pour obtenir un contrat aidé ? Ou un CDI dans une entreprise ?

Hier, une fois encore sur le Barachois, bis répetita, la manifestation pour défendre "leur idée du travail", et se faire entendre de la préfecture, la route a été prise en otage. Et ça, ce n'est pas de la délinquance routière ? Que font les gens bien pensant pour obtenir une audience ou se faire entendre, ils utilisent les méthodes des méchants. Dans ce cas, pourquoi les jeunes feraient différemment. Prendre la route en otage, c'est La solution.

Et puis soyons honnête. La justice et la politique n'encouragent pas non plus les jeunes à un autre comportement. Combien de politiques ont été pris pour des faits extrêmement graves et qui n'ont jamais été condamnés, alors qu'ils ont détourné ou volé l'argent destiné à offrir au plus grand nombre un contrat, un travail pérenne ou un mieux vivre ?

Combien d'argent a-t-il été volé aux Réunionnais, au point de les pousser au désespoir et sur un rond-point, juste pour un "p'tit contrat" ? Et à combien de mois de prison, sont condamnés les plus virulents et violents, alors que les "voleurs en col blanc" s'en sortent toujours avec du sursis et quelques mois d'inéligibilité ? Et si les jeunes allaient bloquer l'entrée des maisons de ces "voleurs en col blancs" ?

Jismy Ramoudou


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