Jadis politicien, ‘militant coaltar’ comme il nous le répète, Joseph Varondin, Réunionnais même après avoir tiré sa révérence de la politique, poursuit son combat. Autonomiste pur sang, il est l’auteur de ‘Les Lambrequins de la Honte’ répartis en deux tomes. Le thème principal : la départementalisation de l’île soeur. Sur la jaquette du deuxième tome, l’on peut lire : “Depuis 1963, La France a excisé 185000 Réunionnais de leur île pour les remplacer par 125000 Zoreys. Nous la mettons au défi de nier qu’il s’agit là d’un début de génocide invisible visant à transformer La Réunion en un pays d’ethnie européenne majoritaire”.
Joseph Varondin s’estime Bourbonnais avant tout. De la scène politique active chez les socialistes dans les années 1970 jusqu’à la fin de sa carrière, il ne vit qu’avec un idéal : le combat social à travers l’écriture. D’ailleurs, l’auteur se souvient toujours de ce compliment venant d’un de ses lecteurs : “Varondin n’est pas un homme de lettres. Pas un écrivain. C’est un guérillero de l’écrit qui utilise sa plume pour défendre des faibles...” Avons-nous affaire à un Robin des Bois des temps modernes? Non, récuse-t-il. Il préfère l’image de Don Quichotte.
“Ce qui est un rêve peut devenir une réalité plus tard”. Joseph Varondin est formel quand il dit qu’on peut tuer une personne mais pas ses idées. L’idéologie varondinienne milite pour l’autonomie réunionnaise. Ses écrits surprennent plus d’un. D’ailleurs, il se qualifie lui-même de polémiste et ce n’est pas ce petit extrait qui pourra soutenir le contraire : “La supériorité physique et intellectuelle du métropolitain sur l’indigène est une réalité légitime qui ne nécessite pas d’être démontrée. Elle n’a besoin ni de preuve ni de parère. C’est un postulat...”
Flash-back
1982, Joseph Varondin publie un mémoire. Il observe les comportements et les attitudes des Zoreys et des créoles-réunionnais. Début 1990, il accouche ses ‘Lambrequins de la Honte’. Il ne mâche pas ses mots. Il polémique. Certains trouvent “qu’enfin le problème Zorey/ Réunionnais est présenté sans hypocrisie!” L’auteur est confronté, semble-t-il, à une sorte de censure inconsciente. Ses oeuvres ne sont pas exposées sur les rayons des librairies. Auparavant, soit dans les années 50, à l’âge de 23 ans, il sort ‘Bibi in London’, récit autobiographique. Enseignant, Varondin visite de nombreux pays africains. Il écrit des chroniques destinées à la presse. Il fera même parler de lui à Maurice avec ses nombreuses tribunes. Éjecté de l’éducation nationale française, Varondin n’abandonne pas son bâton de pèlerin. Au ‘Congrès Ban Zil’, il se perfectionne dans la langue et la culture créoles réunionnais dans une perspective sociologique. | | | | | | | | | | | | |