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Jean Alain Cadet : "Les électeurs qui ont voté FN, ont-ils pesé leur choix"


Invité(e)
Jeudi 26 Avril 2012

Le 22 avril 2012 ressemble un peu au 21 avril 2002 et pendant ces dix années, j’étais persuadé que plus jamais nous reverrions ce mauvais film du printemps 2002.


Le score du Front national est expliqué par tous les démocrates avisés comme un geste de désespoir des citoyens face à une société en crise. On explique, on excuse, on s’offusque et on retient finalement que, ce qu’ont voulu exprimer ces citoyens « courageux » c’est ni plus ni moins leur colère devant des situations personnelles tragiques, difficiles, insupportables et un rejet total des politiques.

Je reste pour ma part interloqué par ces citoyens qui ont, sous prétexte d’une colère - bien légitime -  transformé le visage de notre patrie aux yeux du monde.  En choisissant en silence le bulletin où était inscrit "Marine Le Pen", ces électeurs ont-ils réellement mesuré la conséquence de leur geste ? Ont-ils pensé que leurs problèmes allaient disparaître comme par magie ? Ont-ils mesuré que ce bulletin pouvait aussi signifier bien des symboles, au-delà de leur propre malheur ?

Je ne sais pas ce qu’ils ont pensé mais, ils ne pouvaient ignorer que ce parti s’est construit sur la haine, le rejet, la stigmatisation de l’autre, l’autoritarisme. N’ont-ils pas compris que le fondement du parti en 2012 est toujours le même qu’en 2002, quand bien même on change un prénom !

Notre société est malade, personne ne peut le contester et les marges de manœuvre pour la guérir ne sont pas légion. Nous devons comprendre que la mauvaise répartition des richesses et la recherche de profit à outrance ont provoqué tellement d’injustice entre les hommes que la haine devient le seul message valable lorsque l’on perd espoir.

« Tout homme est unique. Chacun des hommes, selon Bergson, a des dispositions particulières qu’il tient de la nature, et des habitudes qu’il doit a l’éducation qu’il a reçue, à la profession qu’il exerce, à la situation qu’il occupe dans le monde. Ces habitudes et ces dispositions sont, la plupart du temps, appropriées aux circonstances qui les ont faites ; elles donnent à notre personnalité sa forme et sa couleur. Mais, précisément parce qu’elles varient à l’infini d’un individu à l’autre, il n’y a pas deux hommes qui se ressemblent.

Albert Jacquard fait lui "l’éloge de la différence" et rappelle qu’être soi même, assumer sa différence donc, permet non seulement d’apporter quelque chose à ce monde tendant dangereusement vers le fade et le monocorde, mais encore d’être mieux préparé au rendez-vous, cher à Senghor, du donner et du recevoir."

Chers compatriotes, plutôt que de chercher à nous diviser devant la tâche incommensurable qui nous attend, plutôt que de désigner « en silence » un coupable idéal de nos difficultés, plutôt que de baisser les bras et se laisser aller jusqu’à l’intolérable, relevons-nos manches, groupons-nous, soyons créatifs et combatifs, imaginons ensemble la société dans laquelle nous voulons vivre et celle que nous voulons transmettre à nos enfants et petits enfants.

La Réunion est une terre de métissage, de multiculturalisme, de partage, de tolérance. La Réunion a connu la souffrance et a su se relever pour construire, accepter, donner et bâtir une société que beaucoup citent en exemple. Le Front national n’a pas sa place à La Réunion et j’ose croire que le bon sens des 37 549 Réunionnais qui ont fait ce choix le 22 avril 2012 fût un appel de désespoir et j’ose espérer que ce n’était que cela.



Le secrétaire régional Europe Ecologie Réunion


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