Afin qu’une solution rationnelle soit enfin apportée à ce problème récurrent qui nous concerne tous, il me paraît utile de rappeler un certain nombre de recommandations, de prises de position et de décisions relatives à l’organisation de notre année scolaire au cours des toutes dernières décennies.
Le 16 mars 1979, le ministre de l’Éducation nationale Christian Beullac affirme : la création de zones scolaires permettra de «mieux prendre en compte les contraintes locales (géographie, climat,… préférences de la population». Ce qui conduit le recteur de l’Académie d’Aix, à laquelle était alors rattachée La Réunion, à déclarer lors d’une visite dans l’île en juillet 1979 qu’il laisse aux Réunionnais «le choix entre le statu-quo et l’année climatique».
Quelle est la suite donnée à de telles déclarations ?
Grignotage des vacances de février…
Des avis portés à la connaissance de l’opinion, retenons celui formulé en juin 1979 par la Direction diocésaine de l’enseignement catholique : «Il serait beaucoup plus logique et intéressant d’ajuster l’année scolaire à l’année civile».
De son côté, le vice-recteur Charles Boyer estime que les longues vacances d’été sont responsables de la déperdition de l’acquis scolaire du premier trimestre et fixe au 23 février 1982 une rentrée scolaire qui s’effectuait début mars au cours des années 60 et 70.
Le grignotage des vacances de février se poursuit à partir de la création de l’Académie de La Réunion, en novembre 1984. Dès sa prise de fonction en décembre 1984, le recteur Jacques Georgel déclare : «Les longues vacances d’été sont un handicap pour les enfants du primaire, pour les bacheliers et pour mes services».
Le processus de la réduction des vacances de février est désormais engagé. La durée du repos scolaire, en février, fixé à 16 jours en 1986, ne sera plus que de 11 jours en 1988, 5 jours en 1995 et 3 jours en 1999. Pour cette dernière année, les vacances d’été auront une durée de 47 jours; soit moins de 7 semaines, contre 9 semaines au début des années 1980 et 8 semaines au début des années 1990.
…puis celles de janvier
Après la suppression de la totalité des vacances de février, le rectorat s’est attaqué au début des années 2000 aux vacances de janvier, qui se réduisent au fil des ans. Le but poursuivi étant manifestement l’alignement pur et simple du calendrier scolaire réunionnais sur celui de la France hexagonale.
D’ores et déjà, chacun peut constater que la réduction des vacances d’été a eu pour corollaire l’allongement des vacances de la saison fraîche (juillet et août). Ces dernières devenant aujourd’hui plus longues que celles de la saison chaude.
Un combat à poursuivre
Cela nous amène à poser la question suivante : y a-t-il dans le monde un seul pays dans lequel les vacances d’hiver sont plus longues que les vacances d’été ? La réponse est incontestablement non. Pour la simple raison que la saison fraîche est plus propice que la saison chaude aux activités tant physiques qu’intellectuelles.
Il me faut par ailleurs faire observer que jusqu’ici, le rectorat a obstinément refusé de tenir compte de l’avis des parents lors des modifications apportées au calendrier scolaire. Je rappelle que ces derniers se sont exprimés notamment en 1988 et en 2001 à l’occasion de sondages effectués respectivement par le journal ‘’Le Quotidien’’ et ‘’Le Journal de l’Ile de La Réunion’’. Le premier sondage donnait une majorité confortable à l’année climatique. Le second sondage permettait au ‘’JIR’’ d’écrire : «Une large majorité (de parents) privilégie le calendrier climatique».
Le rectorat s’est également abstenu de tenir compte de l’avis exprimé à Saint-Denis en mai 1988 par le professeur Hubert Montagner et en juillet 1990 par Francine Best, la directrice de l’Institut national de la recherche pédagogique (INRP), venue animer un colloque à Saint-Denis. Le premier, un chercheur mondialement réputé, a estimé que les vacances d’été ne peuvent être inférieures à deux mois; la seconde s’est déclarée favorable à l’année climatique.
Comment ne pas souligner enfin que le calendrier actuellement en vigueur à La Réunion n’est pas conforme à la loi d’orientation sur l’Éducation du 10 juillet 1989. Cette loi permet «d’adapter (à La Réunion) le calendrier scolaire national afin de mieux prendre en compte les contraintes locales (géographiques, climatiques…)». Le rectorat ne peut ignorer que dans une île tropicale comme la nôtre, les moments de très grande difficulté biologique et psychologique pour les élèves se situent au cœur des étés chauds et humides.
Il est donc impératif que le combat se poursuive pour que, comme en Nouvelle-Calédonie, le calendrier climatique soit appliqué à La Réunion. Notre système éducatif sera alors mieux armé pour combattre l’illettrisme.