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Huguette Bello ouvre la voie à "sa" refondation du PCR


Édito
Samedi 18 Février 2012

Cette fois-ci, c'est parti ! Le PCR est entré dans un processus de "refondation". La concurrence officielle entre Huguette Bello, députée sortante, et le ticket Jean-Yves Langenier/Roland Robert, confirme deux courants opposés au sein du PCR. Le parti fondé en 1959 par Paul Vergès va connaître une profonde mutation, avec en filigrane la succession de… Paul Vergès.


Le parti communiste réunionnais aura 53 ans les 17 et 18 mai prochains. Ce parti politique a toujours fonctionné suivant le centralisme démocratique, à l'image des partis "frères" du monde entier. Paul Vergès en est aujourd'hui son leader, son icône, son symbole, son emblème. Son fonctionnement est simple, le parti, l'appareil, les moyens et les projets, sont au service d'un seul homme, Paul Vergès.

Si celui qui est devenu l'homme politique réunionnais de référence, a atteint une telle dimension, c'est avant tout grâce à une base large, forte et solide, des militants et des sympathisants fidèles et loyaux, du moins jusqu'au début des années 90. La "solidarité communiste" encore mise en avant par Paul Vergès lors des Municipales partielles de Sainte-Suzanne, avait encore tout sens.

La révolte de Hyacinthe Hamilcaro, Alexis Pota, Karl Bellon entre autres au milieu des années 90, a révélé les premières et récurrentes contestations. Les dissensions au sein du Comité central, étaient également dans la presse. Las d'être soumis au diktat du système des partis, Paul Vergès a profité de son avènement au Conseil régional, pour s'en défaire. Du même coup, il a mis en place un processus pour s'éloigner de sa base.

En 2004, lors de la constitution de la liste communiste et de personnalités de la société civile aux Régionales, il préfère Catherine Gaud, plutôt à Droite, à Huguette Bello. Cette tendance se confirme encore plus six ans plus tard, toujours lors des élections au Conseil régional. "Les Régionales, ce ne sont pas vingt-quatre municipales".

Les communistes de Saint-André, Saint-Louis et dans une autre mesure Saint-Paul, sont écartés des discussions et de la constitution de la liste Alliance. Huguette Bello ne voulait pas non plus voir ses proches sur cette liste. Au fil des années, la députée-maire de Saint-Paul, n'a cessé de prendre ses distances avec Paul Vergès et la direction du PCR.

La parlementaire incarne désormais la ligne de rupture au sein du PCR. La presse a qualifié ce courant "réformateur" ou "refondateur". La préparation des Législatives sur la deuxième circonscription, et les Municipales partielles de Sainte-Suzanne, ont confirmé l'émergence d'un autre courant communiste. A l'image de ce qui va se passer au Conseil général, trois élus incarnent aujourd'hui la rupture d'avec le PCR canal historique.

Huguette Bello, députée-maire de Saint-Paul, Eric Fruteau, maire et conseiller général de Saint-André et maintenant Daniel Alamélou, conseiller général de Sainte-Suzanne, ont commencé les discussions "pour proposer un autre cadre communiste, plus démocrate et plus à l'écoute de la base". A un degré moindre, il faut ajouter Yolande Pausé, ex-maire de Sainte-Suzanne, "traître" selon le PCR, et victime du PCR selon d'autres communistes.

En maintenant sa candidature pour les Législatives dans la deuxième circonscription, Huguette Bello a accepté le combat populaire et politique avec Paul Vergès. L'image est forte. L'élue communiste crée au sein même du PCR, une opposition à Paul Vergès, fondateur du parti. C'est une première ! Ce qui aurait dû être une refondation du PCR, ressemble de plus en plus à une rupture...

Jismy Ramoudou


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