"… La seconde porte sur la dimension ethnique, ce qui est à l’opposé de la tradition républicaine mais s’avère à bien des égards éclairante : la majorité des crimes et des délits est commise par des guadeloupéens d’ascendance africaine, ce qui pose la question de la définition identitaire et communautaire de ce territoire".
"Cette phrase hautement condamnable est extraite du « rapport sur la délinquance en Guadeloupe » présenté le 8 novembre 2011. Dans un chapitre intitulé « Un état des lieux édifiant », le Docteur en Droit et criminologue Gaëlle Comper ethnicise le comportement délictueux de jeunes guadeloupéens.
Cette analyse scandaleuse de la « dimension identitaire et communautaire de notre territoire » a suscité émoi et colère non seulement en Guadeloupe mais aussi dans l’Hexagone. Cette déclaration inacceptable franchit la limite de la légalité et on peut s'étonner du silence de la classe politique, médiatique et intellectuelle.
Il est certain que la délinquance a augmenté en Guadeloupe plus qu’ailleurs. L’Observatoire national de la délinquance en a recensé les chiffres dans tous les départements français.
Qu’il s’agisse de cambriolages, de violences sexuelles ou même d’escroqueries et d’abus de confiance, la Guadeloupe se retrouve au-dessus des moyennes nationales. Pour autant, je m’inscris en faux contre les déclarations de Madame Comper.
Inappropriées et nauséabondes, elles viennent raviver les plaies de notre pays et qui ne sont pas sans en rappeler celles, toutes aussi délétères, d’Eric Zemmour qui s’était permis de justifier les contrôles au faciès par le fait que les dealers sont surtout les Noirs et les Arabes.
Cet extrait vient nous rappeler les maux qui gangrènent notre société des Antilles : Nous avons si bien intégré les codes du racisme que certains d’entre-nous préfèrent offrir une piste de réflexion ethnique aux vraies raisons de la délinquance en Guadeloupe. Il me semble cependant qu’il a déjà été démontré que la criminalité puise ses racines ailleurs : dans un contexte psychosocial difficile et dans la discrimination.
La terre de Guadeloupe porte encore les stigmates de l’esclavage et de la colonisation. Cette « analyse fumeuse » nous impose un insupportable retour en arrière. Notre île est un berceau de métissages. À partir de quel taux de mélanine est-on d’ascendance africaine ? Les Noirs foncés sont-ils plus dangereux que les Noirs clairs de peau ?
Madame Comper se doute-t-elle que l’extrait de ce rapport peut allumer le feu de la poudrière de la jeunesse guadeloupéenne qui se sent déjà si peu considérée ? Une partie de la jeunesse est coincée entre chômage et misère. Son horizon, aussi bleu soit-il, ne cesse d’être gris. La situation économique à laquelle elle est réduite est au mieux une source de mal-être, au pire une cause de déviance.
On ne peut, ni ne doit ethniciser un comportement, même délictueux. Comme tant d’autres, je me définis comme un afro-caribéen de la Guadeloupe et comme tant d’autres Guadeloupéens, je me sens insulté par de tels propos. Suis-je moi aussi un délinquant potentiel ? Fais-je partie de cette catégorie « à risque » ?
Je condamne fermement ces écrits et demande à chacun de prendre ses responsabilités face à un rapport qui aurait sans doute provoqué de plus vives réactions s’il avait été publié à Paris".
"Cette phrase hautement condamnable est extraite du « rapport sur la délinquance en Guadeloupe » présenté le 8 novembre 2011. Dans un chapitre intitulé « Un état des lieux édifiant », le Docteur en Droit et criminologue Gaëlle Comper ethnicise le comportement délictueux de jeunes guadeloupéens.
Cette analyse scandaleuse de la « dimension identitaire et communautaire de notre territoire » a suscité émoi et colère non seulement en Guadeloupe mais aussi dans l’Hexagone. Cette déclaration inacceptable franchit la limite de la légalité et on peut s'étonner du silence de la classe politique, médiatique et intellectuelle.
Il est certain que la délinquance a augmenté en Guadeloupe plus qu’ailleurs. L’Observatoire national de la délinquance en a recensé les chiffres dans tous les départements français.
Qu’il s’agisse de cambriolages, de violences sexuelles ou même d’escroqueries et d’abus de confiance, la Guadeloupe se retrouve au-dessus des moyennes nationales. Pour autant, je m’inscris en faux contre les déclarations de Madame Comper.
Inappropriées et nauséabondes, elles viennent raviver les plaies de notre pays et qui ne sont pas sans en rappeler celles, toutes aussi délétères, d’Eric Zemmour qui s’était permis de justifier les contrôles au faciès par le fait que les dealers sont surtout les Noirs et les Arabes.
Cet extrait vient nous rappeler les maux qui gangrènent notre société des Antilles : Nous avons si bien intégré les codes du racisme que certains d’entre-nous préfèrent offrir une piste de réflexion ethnique aux vraies raisons de la délinquance en Guadeloupe. Il me semble cependant qu’il a déjà été démontré que la criminalité puise ses racines ailleurs : dans un contexte psychosocial difficile et dans la discrimination.
La terre de Guadeloupe porte encore les stigmates de l’esclavage et de la colonisation. Cette « analyse fumeuse » nous impose un insupportable retour en arrière. Notre île est un berceau de métissages. À partir de quel taux de mélanine est-on d’ascendance africaine ? Les Noirs foncés sont-ils plus dangereux que les Noirs clairs de peau ?
Madame Comper se doute-t-elle que l’extrait de ce rapport peut allumer le feu de la poudrière de la jeunesse guadeloupéenne qui se sent déjà si peu considérée ? Une partie de la jeunesse est coincée entre chômage et misère. Son horizon, aussi bleu soit-il, ne cesse d’être gris. La situation économique à laquelle elle est réduite est au mieux une source de mal-être, au pire une cause de déviance.
On ne peut, ni ne doit ethniciser un comportement, même délictueux. Comme tant d’autres, je me définis comme un afro-caribéen de la Guadeloupe et comme tant d’autres Guadeloupéens, je me sens insulté par de tels propos. Suis-je moi aussi un délinquant potentiel ? Fais-je partie de cette catégorie « à risque » ?
Je condamne fermement ces écrits et demande à chacun de prendre ses responsabilités face à un rapport qui aurait sans doute provoqué de plus vives réactions s’il avait été publié à Paris".