sak ifé nout jordu ék nout demin

François FASQUEL : Personne ne peut être pour le pain et contre la farine


Citoyen
Mardi 16 Juin 2015

​Chers membres fondateurs du Collectif contre le projet de carrière de Bois Blanc,


Comme d’autres personnes, j’ai pris part au démarrage de votre collectif dans l’école des Avirons et fus un des 4500 maillons de la formidable chaine humaine entre Saint-Leu et l’Etang-Salé dimanche 7 juin. J’y ai vu des citoyens venant des quatre coins de l’île, tous rejetant la possibilité d’une exploitation de carrière à ciel ouvert mettant en danger des espèces végétales, animales et évidemment la santé humaine. J’ai vu la montée en puissance de votre page Facebook et de votre pétition en ligne que j’ai signée dès les premiers jours. L’élan populaire est énorme et s’étoffe encore. Pour la première fois, j’y ai vu l’espoir sérieux de repousser définitivement un projet pharaonique en l’état, inadapté à l’échelle de notre île, et dont les seules gagnantes seraient les multinationales, Vinci et Bouygues, respectivement 39 et 33 milliards d’€ de chiffre d’affaire en 2014 et qui s’étaient, fait notable car rarissime, alliées pour remporter les marchés. Je ne m’appesantirai pas sur les raisons pour lesquelles nous devons lutter contre la NRL, j’ai déjà eu l’occasion de les détailler notamment lors d’un passage dans l’émission de Réunion 1er « coup de poing dans l’actu » de Claude Montanet le 18 septembre 2014. Ce projet nous endettera pour 40 ans, freinera notre développement économique, ne créera pas d’emplois pérennes, détruira des écosystèmes, bloquera toute possibilité de sortie du tout-voiture et ne réglera ni la sécurisation ni la fluidité du trafic. Rappelons que si les accords de Matignon II prévoient bien la participation aux frais de l’Etat et de l’Europe, il est stipulé que tout dépassement incombera à la Région, c’est-à-dire à NOUS ! Combien ? 100, 200, 600, 900 millions d’€ ? Nul ne le sait ! 

Cependant, quelle fut ma surprise dimanche 7 juin, lorsqu’au micro le représentant de votre collectif, arguant les effets néfastes de l’exploitation de la carrière de Bois-Blanc pour la population et l’environnement, indiquait ne pas souhaiter se prononcer sur le projet de la NRL ! En réponse, certains sifflets et protestations de la foule. Je fus l’auteur de l’un de ces sifflets. Comment peut-on être en même temps contre l’exploitation d’une carrière et pour la construction d’une route de deux fois trois voies de 12 kilomètres au-dessus de la mer entre La Possession et Saint-Denis, qui nécessitera 18 millions mètres cubes de matériaux ? J’avoue ne pas comprendre. Je pense que personne ne peut être pour le pain et contre la farine ! Ces deux éléments s’imbriquent, ils sont intimement liés. Etre contre la carrière et pour cette NRL reviendrait à rejeter les nuisances sur les autres Réunionnais, ou pire sur les Malgaches, ce n’est ni responsable ni citoyen-solidaire. Pour ma part, je rejette ces logiques de NIMBY (Not in my backyard) et reste d’abord logique : je suis contre les carrières donc contre cette NRL. Je suis ensuite pragmatique. De l’argent public a déjà été engagé. J’entends aujourd’hui présenter une 3e voie, celle de la réorientation de la NRL car nous ne pouvons oublier le problème de l’asphyxie des bas de La Possession lors des basculements. C’est pourquoi, je pense qu’il est vital de construire une route digue sur 2 kilomètres afin d’améliorer l’entrée de la Route du Littoral. L’apport des 3 à 4 millions de roches provenant des seuls andains historiques et agricoles peut, à ce jour, tout à fait satisfaire ce tronçon de la NRL et ainsi limiter la perte d’argent public liée aux ruptures de marché et donc éviter l’exploitation d’une carrière.  

Ainsi, dimanche 21 juin prochain, au moment du Kabar à l’Etang-salé, je vous demande, chers membres du collectif « Touch pas nout roche ! », d’entendre mon discours et de clarifier votre position quant à la construction de cette NRL car 2015 s’avère l’année cruciale. La partie adverse l’a bien compris. 

Un citoyen engagé à La Possession,
Co-fondateur du mouvement citoyen « La Possession de Demain »

François FASQUEL


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