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Ericka Bareigts : "Un bleu que l'on croyait estompé, ravive sa flamme bleue marine"


Édito
Jeudi 14 Novembre 2013

Une extrême-droite décomplexée, à la parole libérée, attaque les symboles de notre République. Notre paysage politique est remué par ce courant. Un bleu que l'on croyait -espéré - estompé, ravive sa flamme. Une flamme bleue marine.


Mais rien ne sert de surestimer ce courant. Ce qui s'avère préoccupant, c’est la porosité accrue de notre société à leurs thèses. Des idées reprises d'abord. Chez certains responsables de l’UMP, ces archétypes séduisent et agissent telles des forces centrifuges au sein de ce parti.

Des comportements ensuite. Des agissements qui auraient été inadmissibles il y a dix ans et qui aujourd’hui sont tolérés.

Il n’est pourtant pas normal qu’une ministre de la République se fasse insulter, notamment par un journal national, parce qu’elle est née femme, noire et porteuse de valeurs républicaines et d'égalité. Il n’est pas normal que des militants d’extrême-droite huent un Président de la République lors d’une cérémonie nationale.

Il n’est pas normal que les agriculteurs bretons soient obligés de défendre les symboles de leur mobilisation contre les récupérations poujadistes. Il n’est pas normal que les symboles de la République se fassent conspuer, maltraiter, parfois agresser.

Rien n'est en mesure de légitimer cela et certainement pas une prétendue « identité nationale » définie au gré du vent, pour satisfaire les fantasmes et les névroses de quelques-uns.
Et si la France revêt une « identité nationale », elle est républicaine.

La France, c’est la République, ce sont les Lumières, c’est la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen, ce sont ces valeurs autour desquelles nous avons fondé un système juridique incarnant notre vision. Une incarnation qui se fonde sur notre passé et surtout qui ancre notre projet pour l’avenir.

S’attaquer à nos institutions, par la violence des mots et des actes, c'est s'exclure du pacte républicain. Et la représentation nationale l’a bien compris en condamnant unanimement les militants d’extrême-droite qui ont tenté de perturber les manifestations du 11 novembre ; en manifestant son soutien à notre collègue Bernard Reynès agressé de plusieurs coups de couteau. Je déplore moi aussi qu’on ne respecte plus le statut d'élu. La République est bafouée, violentée, non respectée. Emportant avec elle tout ce qu'elle incarne : la politique au sens noble du terme, c'est à dire la construction d’un projet commun, par le débat.

L’antisémitisme, disait Jean-Paul Sartre, c’est « la peur devant la condition humaine ». C’est, au fond, une définition qui correspond bien aux mouvements populistes que nous découvrons à nouveau aujourd’hui.

La peur de l’isolement, la peur du déclassement, la peur du changement. Les partis d'extrême droite, et le FN en particulier, ont fait de ces peurs le terreau fertile et électoraliste pour les échéances à venir.

Seules doivent nous rassembler les valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité. Nous devons tous lutter contre la propagation d'un discours, qui peut paraître facile, mais tellement réducteur. Nous ne devons pas nous laisser séduire par ce discours. Comme le disait Martin Luther King : «nous devons apprendre à vivre ensemble, comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots ».

Députée de La Réunion


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