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"Eric Fruteau inéligible ? Une nouvelle donne à Saint-André ?"


Édito
Mardi 19 Mars 2013

"L'inéligibilité probable du maire en exercice dans cette ville de l'Est de La Réunion ouvre le jeu politique avec un caractère inattendu pour les prochaines échéances municipales".


"D'abord, si le Conseil Constitutionnel suit sa jurisprudence constante et déclare Eric Fruteau inéligible, le maire de Saint-André sera démissionnaire d'office et le Conseil municipal devra se choisir, en son sein, d'une nouvel exécutif. Qui sera alors intronisé maire ?

Si le jeu normal des institutions voudrait que ce soit le 1er adjoint qui succède au maire, le jeu politique est tout autre : Eric Fruteau fera-t-il un cadeau aussi important à Joe Bédier qui malgré ses qualités indéniables est resté très proche du PCR? Rien n'est moins sûr.

En effet, le futur maire « désigné » doit pouvoir respecter plusieurs critères :
- la capacité de se faire élire en mars 2014 par les électeurs
- avoir la loyauté nécessaire pour s'effacer après la période d'inéligibilité de Fruteau pour lui permettre de revenir
- s'affirmer comme militant du PLR, donc de promettre de rester fidèle à Huguette Bello et ne pas repartir au PCR.

Ce qui ne laisse la place qu'à très peu de prétendants. Et surtout ouvre une séquence non désirée à gauche : le bal des égo et des courtisans...

Ensuite, et ce n'est pas la moindre des choses, la dynamique s'est d'un coup renversé et on en revient au lendemain des régionales de 2010 : le retour en force d'un Jean Paul Virapoullé.

Jouant le faux candidat pour mieux se faire désirer, l'ancien Sénateur ne peut plus jouer à ce jeu. Surtout lorsque la décision sera connue. En effet, il devient le maire et le candidat naturel pour les Saint-Andréens, et pour une partie de la Droite.

S'il est sûr que JPV avait plus envie de faire durer le suspens afin d'apparaître comme celui que la Droite qui l'a évincé demande de revenir, cette pudeur de petit rancunier va vite s'effacer devant la réalité.

Celui que l'on a surnommé "le Tigre du Bengale" (pour sa capacité brutale à "tuer" ses adversaires) est trop fin politique et tacticien pour ne pas comprendre que tous les plans des uns et des autres, même le siens, deviennent caduques avec cette nouvelle donne politique que serait l'inéligibilité de son tombeur de 2008.

Enfin, cela ouvre une guerre idéologique intéressante dans les partis.

A gauche, le PCR peut s'estimer légitime à revenir dans le jeu, car l'inéligibilité de Fruteau dépersonnalise les scrutins à venir. Place donc au groupe, au collectif, à la solidarité, à la dialectique autour du chef martyr. Le PCR sait que Fruteau va devoir utiliser ces valeurs, ces symboles et ce langage qui sont la marque de fabrique du parti et de Vergès.

C'est l'ironie de l'histoire : le fils rebelle obligé de marcher dans les pas intellectuels des pères fondateurs. Le silence actuel du PLR, donc son incapacité à trouver une méthode et un discours dans l'action de résistance lors de moments difficiles, est surement jaugée du coté du Port et des militants communistes les plus aguerris.

A droite, la petite phrase de Cyrille Hamilcaro sur les ondes de Antenne Réunion Radio face à Pierrot Dupuy n'est pas passé inaperçu. A la question de Pierrot Dupuy "Que pensez-vous de la candidature de Jean Paul Virapoullé ?", le conseiller général de Saint-Louis a répondu : "Souhaitable" ! Quand on connait le sens de l'analyse de l'ancien proche de JPV, on sent bien qu'il envoie un signe et un message à Virapoullé :
- "si la Droite n'a pas obligatoirement besoin de toi, les Saint-Andréens et le débat d'idées (notamment lorsqu'on parle autonomie) ont besoin de toi" ;
- "si tu as préféré ton fils naturel (Jean Marie Virapoullé) et ton fils putatif (Thierry Sam-Chit-Chong) en sacrifiant ton fils spirituel (Cyrille Hamilcaro), ce dernier est le seul qui peut te rabibocher avec le reste de la Droite et qui peut se hisser intellectuellement à ton niveau" ;
- "si ton rejet de Serge Camatchy en 2008 a été en partie la cause de ta défaite, ce dernier n'est pas à la hauteur d'une telle conquête mais mérite mieux que le sort d'un paria".

Comme on le voit, Saint-André revient au centre du jeu politique car l'inéligibilité de Eric Fruteau risque d'être le séisme politique de 2013".

Mimose Parra, St-Leu


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