L’explication immédiate serait un différend entre les jeunes du quartier et le gérant du bar, différend qui aurait déjà été à l’origine d’incidents dans un passé récent. Des tentatives de médiation n’ont visiblement pas abouti. Quand les choses prennent une telle ampleur, il est urgent que tous les moyens soient mis en œuvre et les responsabilités individuelles recherchées pour qu’une affaire dite « privée » ne dégénère pas en atteintes à l’ordre public.
Pour autant on ne peut pas faire l’économie d’interrogations sur les aspects sociaux et sociétaux qui sont en cause. On n’insistera jamais assez sur le problème malheureusement endémique de l’exclusion sociale d’un pourcentage plus qu’inquiétant de nos jeunes. Quand prendra-t-on enfin à bras le corps ce dossier prioritaire, en mettant en place ce qu’il faut appeler un véritable plan « Marshall » de l’insertion des jeunes ?
Il y a aussi les politiques d’urbanisation qui ont été et sont encore appliquées, avec tous les problèmes que l’on connait. La concentration des populations en grandes cités dortoirs sans les équipements et les dispositions qui favorisent les services et activités économiques de proximité, et la vie sociale d’une manière générale, ne donne pas de bons résultats. Lorsqu’en plus la mixité sociale tant promise est absente, la situation recèle les ferments de toutes les difficultés.
Il ne s’agit pas aujourd’hui d’en renvoyer la responsabilité sur les autres comme le fait trop facilement Mme Payet Ben-Hamida, adjointe au maire, en parlant à la télévision de situation dont la municipalité actuelle a héritée. Voilà une façon d’éluder le problème, qui n’augure rien de bon dans la volonté réelle de s’y attaquer. Dois-je rappeler à Mme l’adjointe – on notera au passage que le maire ne s’exprime pas sur un sujet aussi grave – que Fayard est une création de M. Virapoullé dans le cadre de ses anciens mandats de maire et que lorsqu’il perd les élections municipales en 2008, c’est elle-même, Mme Payet Ben- Hamida, qui est le cadre en charge à la mairie du contrat urbain de cohésion sociale.
S’attaquer sérieusement à ces problèmes demande des efforts à tous.
D’abord aux autorités publiques ou en charge de politiques publiques, en particulier les municipalités et les bailleurs sociaux, pour notamment mettre fin à une pratique d’attribution de logements qui conduit, qu’on le veuille ou non, à une sorte de ghettoïsation sociale et communautaire. Les dernières attributions à Fayard vont encore malheureusement dans ce sens.
Un engagement est aussi demandé à tous les partenaires qui interviennent dans la mise en œuvre de la politique de la ville, qu’ils soient publics ou privés, dans tous les aspects de cette politique globale qui englobe le cadre de vie, l’animation, l’insertion sociale, l’emploi…La participation citoyenne et responsable de la population à une telle entreprise sera enfin la condition la plus importante de son succès.
Gageons qu’on lui donnera la parole et sa part d’intervention, elle qui est la principale concernée et surtout la première à subir depuis des années les conséquences de politiques mal maîtrisées et surtout mal engagées.
JOE BEDIER
CONSEILLER MUNICIPAL
PRESIDENT DE L’UNION DEMOCRATIQUE POUR SAINT-ANDRE