sak ifé nout jordu ék nout demin

Des jeunes peuvent-ils avoir un discours et une vision politiques, quand leurs aînés en sont à peine capables ?


Édito
Mardi 11 Juin 2013

Que ce soit Grégoire Cordebœuf (RJR), Guillaume Elisabeth (Jeunes centristes), Cindy Dijoux (Mouvement jeunes socialistes), Adrien Fournel (Jeunes de l'UMP), Vanessa Miranville (Possession écologie solidaire) ou Geoffroy Géraud-Legros (PCR), il y a une constance croissante : il y a un décalage entre les politiques et les jeunes. Ce décalage est encore plus criant dans les discours. Car au delà de la conception de la politique, la jeune génération a une vision encore utopique de la vie. Le syndrome de mai 68…


Qu'est-ce que la politique pour un jeune (20-40 ans) ? On peut toujours essayer de répondre ceci : "Rendre la vie matérielle et affective meilleure pour tout le monde. Il y a du chômage : il faut créer des emplois. La planète est en danger : stoppons l'utilisation des énergies fossiles et du nucléaire, créons des modes de déplacement propres, diminuons notre consommation de viande. Pour la santé, mangeons bio. Pour la réussite sociale et professionnelle de chacun(e), laissons à chaque individu le temps de son expression et de sa réussite…"

Ça c'est un discours politique. Et pas seulement de la jeune génération. C'est aussi des phrases lancées ou des éléments de projets lancés à la cantonade par leurs aînés. A ce jeu de questions/réponses, au lieu de programmation précise pour consolider un ou des plans de développement économiques, ce sont tout de même les aînés qui sont les plus prolixes. Car, ils répondent à chaque fois à une attente de la population et des jeunes. Ce qui a conduit à cette triste reproduction de schéma. Les jeunes ont adopté l'attitude de leurs aînés. Tout est possible. Interdit d'interdire. Le syndrome de mai 68…

Sauf que sous les pavés, aujourd'hui il n'y a plus la plage, il n'y a plus d'activité économique, d'usine, d'emploi… Et, le discours des politiques est encore plus creux. Plus incertain. Plus restrictif. Concentré sur la gestion municipale et des contrats aidés. Comment la jeune génération peut avoir un discours et une vision politiques matures, si leurs modèles sont à peine capables de voir au delà de leurs communes et des intercommunalités ? Et des ambitions politiques très personnelles des décideurs les plus influents ?

S'il est vrai que les jeunes n'ont ni la science, ni l'expérience politique, ils ont le tort de copier des modèles peu performents, compétents et efficaces, et souvent trop éloignés de leur mode ou schéma de comportement et de fonctionnement. Et surtout de leurs valeurs. Construire un discours et une vision politiques, c'est un périple sans fin auquel, il faut désormais préparer la jeune génération, pour qu'ils ne répètent les erreurs souvent volontaires de leurs aînés. Cela implique que la formation des jeunes à la politique ne doit pas être fait par des… politiques.

Jismy Ramoudou


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