sak ifé nout jordu ék nout demin

Cyrille Hamilcaro : "Un débat présidentiel effarant"


Édito
Mardi 1 Mai 2012


La mort d'une personne, tuée par balle par les policiers en banlieue parisienne, donne lieu aujourd'hui à un débat surréaliste :
1) des policiers qui défilent sur les Champs Elysées et s'offusquent que leur collègue puisse être mis en examen et poursuivi pour homicide,
2) des magistrats qui se taisent,
3) un Président de la République qui revendique la création d'un droit à la présomption de la légitime défense pour les policiers en fonction,
4) un candidat socialiste à la Présidence qui demande à sauvegarder le salaire d'un policier suspendu de ses fonctions et le droit automatique à la protection juridique par son administration lorsqu'il a commis une faute grave.

Je crois rêver : on s'assied allègrement sur tout ce qui fait les fondements de notre République, particulièrement l'Egalité.

Où est l'égalité de traitement entre justiciables? Demain, deux citoyens qui tirent sur un homme et le tuent ne seront pas poursuivis de la même façon: l'un va au trou direct parce qu'il a tiré dans sa cour sur un voleur qui s'enfuyait, l'autre sera protégé parce qu'en tant que policier il a tiré sur la voie publique sur un voleur qui s'enfuyait. Et dans les deux cas, le gars reçoit une balle... dans le dos!

Comment peut-on invoquer la légitime défense ou une quelconque dérive accidentelle lorsqu'on tire dans le dos de quelqu'un? Si on veut délivrer un permis de tuer, on ne s'y prendrait pas autrement...

Cette dérive est anti-républicaine, car la tradition veut que la police serve et protège. Lorsque l'ordre prime sur la loi, que les accusés n'ont plus de droit, que les victimes supposées sont idôlatrées, que la notion de justice cède le pas à l'oppression de l'émotion ou de la morale déraisonable, alors nous ouvrons la porte à une dictature.

Cette élection présidentielle va en plus nous amener dans un drôle de dilemne :
1) Sarkozy réélu verra son quinquenat pourri par les manifestations de rue orchestrées par la gauche radicale, et par une dérive autoritaire qui feront oublier la justesse des décisions économiques;
2) Hollande élu verra son quinquenat pourri par une radicalisation de la droite, et une explosion de notre système social de par l'absence de mesures économiques d'envergures, malgré le progrès de certaines décisions sociétales et la quantité d'aides sociales distribuées.

Dans les deux cas, faute d'avoir eu un débat présidentiel à la hauteur des enjeux en 2012, nous aurons en 2017 un duel Marine Le Pen - Jean Luc Mélanchon au second tour, soit l'extrême droite contre l'extrême gauche. Quelle drôle d'avancée démocratique !!!

Sur son blog


Dans la même rubrique :