Mais alors pourquoi les petits réunionnais qui apprennent le créole en naissant et le français quelques années plus tard ont tant de peine?
C'est que le français et le créole sont des langues très proches et que souvent les élèves ont du mal à savoir où ils habitent, d'autant que vient encore s'y mêler l'argot et, de plus en plus, des mots anglais !
C'est pour cela qu'il convient de bien marquer la frontière notamment par une graphie différente, et de bien étudier le créole. Je dis "étudier" car beaucoup de parents disent : pas besoin "d'apprendre".
N'apprenons pas donc, mais "étudions", c'est à dire observons, analysons, comparons : "grafiné" c'est par ici, "égratigné" par là-bas, "abouzgoul" n'est pas dans le dictionnaire d'Alain Armand, qu'est-ce que c'est? Des aliments apéritifs. D'accord : "amuse-gueules" en céfran, bravo pour ce néologisme!
Je fais un stage avec quelqu'un que je prends pour un zoreil, mais sans accent régional. Je lui demande d'où il vient, il me dit qu'il est créole. Je lui demande si ses parents à la maison lui parlaient français, il me dit que non, uniquement créole !
Bien parler créole facilite l'apprentissage du français.
Surtout pas d'injonctions contradictoires comme celle-ci : "Mon zanfan, mwin la di aou, mi ve pa ou koz kréol!"