sak ifé nout jordu ék nout demin

Arrêter d'infantiliser une partie de la population, et de culpabiliser l'autre !


Édito
Mercredi 20 Mars 2013

Hier, le co-fondateur du PCR a soufflé les 67 bougies de la départementalisation du 19 mars 1946 de Léon de Lepervanche et de Raymond Vergès. Un anniversaire du "tonnerre" et "arrosée" à l'extérieur. La conférence-débat, elle, s'est tenue devant une cinquantaine de personnes. Il a été question d'assimilation, d'intégration, d'autonomie, d'indépendance et de l'Acte de la Décentralisation. Et d'Assemblée unique.


Il y a les faits. Et l'histoire. 350 ans d'histoire et du peuplement réunionnais. De l'esclavage aux temps bénis des colonies. Il y a eu les Noirs, les esclaves, les Blancs, les Gros blancs, les Marrons, les préfets "makro", la "zistis makro", les dockers, les cheminots, les petits planteurs, les Gros colons, les usiniers capitalistes, les luttes sociales, les violence des forces de l'ordre, les fraudes électorales, la liberté de Témoignages bafouée… Et les cocos sont arrivés...

C'est vrai, sans la lutte des classes laborieuses, sans la dimension d'un PCR et d'un Paul Vergès, l'histoire de La Réunion aurait été différente. Paul Vergès a raison, "nous devons connaître notre histoire, notre peuplement, notre identité". C'est vrai encore, c'est "une nécessité pour définir notre destin et tracer demain notre route". C'est vrai aussi que nous devons jamais oublier l'engagement d'un Denis Irouva, ouvrier agricole depuis longtemps à la retraite. Et tous ses camarades exploités, battus, tabassés et certains tués. C'est vrai enfin que nous avons besoin de nos racines et notre identité pour construire un avenir solide. Et l'unité de La Réunion.

L'unité de La Réunion, est-ce vraiment l'objectif du PCR ? Car, il serait temps que le PCR et Paul Vergès arrêtent d'utiliser le passé pour stigmatiser une partie de la population réunionnaise (les riches et les Blancs). Il serait également temps qu'on arrête de pleurer à chaque évocation de la départementalisation sur les souffrances et les blessures déjà cicatrisées. Commémorer c'est ce souvenir des combats et des valeurs, et honorer ceux vivants ou décédés, pour leur engagement et leur don de soi. Ce n'est pas toujours monter les descendants d'esclaves et les Noirs contre les héritiers des riches familles et les Blancs.

Car, ce discours a peu d'écho depuis quelques années déjà. Paul Vergès s'interroge : "Comment dire à la population ce qu'elle doit entendre ? Comment leur porter le message ? La presse ne parle que d'élections" (Là-dessus, il a totalement raison). La réponse est simple. Déjà, il faut changer de stratégie de communication. Il serait temps que le PCR et Paul Vergès, arrêtent d'infantiliser une partie de la population, et de culpabiliser l'autre. Ça ne marche plus (à peine une cinquantaine de personnes dans la salle hier soir). Même des communistes les plus fervents n'y croient plus. Il serait temps que les caciques du parti s'en rendent compte. Le temps béni des colonies est finie.  Pour tout le monde.

Connaître son passé, ses origines, son histoire, c'est une chose. Mais faire vivre constamment une partie de la population dans le passé pour le maintenir dans une frustration entretenue et des désirs de revanche jamais assouvis, c'est juste un fonds de commerce électoraliste qui ne cesse de perdre de sa valeur, que même la vision politique et la grande dimension d'un Paul Vergès ne peuvent contenir ou inverser. Car, à trop se pencher sur son passé, on finit par tomber dans l'oubli…

Jismy Ramoudou


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